Le film Mabka dresse un portrait poignant d’une jeune femme tiraillée entre les attentes familiales et son désir d’émancipation. À travers le regard de Noor, une étudiante d’une vingtaine d’années, le spectateur est immergé dans un quotidien rythmé par les obligations domestiques et les injonctions maternelles.
Mabka : Une plongée intime au cœur du conflit générationnel
En deuxième année à CinéCréatis, les étudiants ont pour projet de réaliser un court-métrage sur un sujet libre. Ce projet leur permet d’explorer toutes les étapes de la production cinématographique, de l’écriture du scénario à la post-production, en passant par le tournage et la direction artistique. Il constitue une opportunité d’affiner leur vision créative, de renforcer leurs compétences techniques et de travailler en équipe dans des conditions proches du milieu professionnel.

- campus Nantes
- thème Courts métrages
- date 19.03.2025

En quête d’espace et de liberté
Dès les premières scènes, Mabka installe un univers où Noor évolue en silence, contrainte par les responsabilités imposées par sa mère, Fatma. Vêtue de manière sobre, elle se fond dans son environnement, obéissant mécaniquement aux tâches ménagères tout en veillant sur son petit frère. Cette routine, presque étouffante, est brutalement interrompue par un simple coup de téléphone : une invitation à une soirée étudiante.
Ce moment charnière illustre le premier écart de Noor vis-à-vis de son rôle de fille dévouée. En choisissant de sortir, elle se confronte à un monde dont elle a été tenue à l’écart. La soirée devient alors un espace d’exploration : musique, alcool, conversations animées… Autant d’éléments qui la fascinent autant qu’ils l’intimident. Noor, d’abord crispée, finit par se laisser porter par l’ambiance et ose une première transgression en buvant un shot, mimant son amie Dihya.

Une confrontation inévitable
Ce fragile moment de liberté est rapidement rattrapé par la réalité du foyer. Le retour tardif de Noor est marqué par une tension croissante, qui culmine lorsqu’elle se fait surprendre par sa mère. Fatma, incarnant une autorité inflexible, exprime son incompréhension et sa colère face à l’attitude de sa fille. La dispute qui s’ensuit dépasse le simple reproche : elle cristallise un conflit générationnel profond, où s’opposent traditions et aspirations personnelles.
À travers cet échange intense, Mabka explore avec justesse les tensions qui existent entre les jeunes issus d’un milieu traditionnel et leur envie de s’affranchir de certaines normes. Noor ne se rebelle pas uniquement contre l’interdiction de sortir, mais contre un modèle de vie qui lui semble oppressant. Fatma, de son côté, agit avec sévérité, non par cruauté, mais par crainte de voir sa fille s’éloigner du cadre qu’elle juge sécurisant.

Un film intime et universel
Mabka s’inscrit dans une tradition cinématographique qui met en lumière les questionnements identitaires et les conflits familiaux. En dressant le portrait d’une étudiante en quête d’émancipation, le film résonne avec de nombreuses histoires de jeunes filles tiraillés entre respect des traditions et découverte de nouveaux horizons.
Avec une mise en scène immersive et une narration sobre mais percutante, Mabka évite les jugements manichéens et offre une réflexion nuancée sur l’évolution des rapports familiaux. Un film à la fois intime et universel, qui capture avec sensibilité la complexité des relations mère-fille.
