Monteur Yann Dedet - Montpellier

En mars dernier, c’est une autre pointure du cinéma français qui nous a fait l’honneur de venir partager sa riche expérience auprès de nos étudiants. Il s’agit de Yann Dedet, monteur (mais pas que !) qui a notamment remporté le César du meilleur montage en 2012 avec le film “Polisse”, de la réalisatrice Maïwenne. Retour sur cette intervention un peu hors du temps, durant laquelle les étudiants ont pu s’enquérir de toutes leurs questions, auprès de ce monstre de cinéma !

“L’un des monteurs les plus renommés de sa génération”

Le nom de Yann Dedet ne parlera peut-être pas à tout le monde. Pourtant, ce monteur très prisé des plus grands réalisateurs a collaboré à de nombreuses productions, parmi lesquelles Sous le soleil de Satan, De son vivant, Fête de famille, Le goût des merveilles, et bien sûr Polisse, qui lui a valu en 2012 de recevoir le César du meilleur montage.

Né en 1946 à Paris, il débarque dans le monde de l’image assez tôt, à coups de petits bricolages et d’assemblages, grâce à une caméra 8 millimètres qu’il reçoit en cadeau à l’âge de 11 ans. L’attrait pour le cinéma est immédiat, et l’amour se révèle à l’occasion d’un stage au sein des Laboratoires de tirage cinématographiques de Saint-Cloud, où il découvre le montage à la pellicule, dont la portée artisanale le fascine.

Par la suite, il met les pieds dans le milieu du cinéma, et entre véritablement “dans la cour des grands” en assistant Claudine Bouché sur le montage du film de François Truffaut La Mariée était en noir (1968). Vont s’ensuivre d’autres collaborations, toutes plus enrichissantes les unes que les autres, et qui vont voir défiler les grands noms du cinéma français – Truffaut encore, mais aussi Maurice Pialat, Philippe Garrel, Jean-François Stévenin, Cédric Kahn, Nicole Garcia ou encore Emmanuelle Bercot.

Une “master” class sur la post-production

Et c’est toute l’expérience acquise au fil des ans que le monteur multi-casquettes – il est également acteur, scénariste, réalisateur et auteur – est venu partager avec les étudiants de l’école CinéCréatis de Montpellier. Une véritable chance pour ces apprentis cinéastes, qui ont pu creuser un peu plus du côté de la post-production à l’occasion d’échanges riches et passionnants. Le monteur n’a pas hésité à livrer à cette assemblée toute ouïe une grande quantité d’anecdotes sur les différents films auxquels il a participé, et à prodiguer à nos étudiants de nombreux conseils quant à l’exercice du montage, que Yann Dedet n’hésite pas à comparer à l’art de la sculpture :

“[…] Le mot artisan […] me paraît plus juste, confiait-il en 2020 à France Culture. Tous les métiers du cinéma sont artistiques. Mais l’atelier de montage, c’est vraiment plus un artisanat. D’abord parce qu’on ne fabrique pas la matière. L’opérateur fabrique la matière visible du film, l’ingénieur du son la matière audible avec le musicien aussi. Mais j’aime bien le mode artisanal et l’idée de façonner quelque chose, un matériau qui existe. Peut-être que ça se rapprocherait le plus de la sculpture. C’est en tout cas ce qui me fait le plus plaisir comme rapprochement dans le métier que je fais.”

De quoi élever le regard de nos étudiants, qui ne manqueront pas de mettre en pratique tous les conseils glanés à cette occasion, et de se référer à cette pointure du montage, dont ils mesurent la chance de l’avoir rencontré !