Alfredo Altamirano
Ancien étudiant de la promotion 2005 à CinéCréatis, Alfredo est aujourd’hui un chef opérateur reconnu.Il a travaillé sur de nombreux films notamment sur « This is not Berlin » sélection officielle Sundance Festival, « Océan » sélection de la semaine de la critique à Cannes, « Marussia » sélectionné à la 63ème édition du festival International de Berlin et « El Guri » sélectionné à la 65ème édition du festival international de Berlin, pour ne citer que quelques projets.
- métier Chef opérateur
- promotion 2005
Interview avec Alfredo Altamirano, chef opérateur
Pouvez-vous me décrire votre parcours à la sortie de CinéCréatis ?
Mon parcours n’est pas classique, normalement les gens commencent par être stagiaire, puis deuxième assistant caméra, puis premier assistant caméra, puis cadreur, puis chef opérateur.
Moi j’ai toujours été chef opérateur sur tous les projets de l’école : à la fin de ma formation, j’avais une bonne démo !
Je suis allé ensuite à Paris mais, pour ne pas risquer de me retrouver en difficulté dans la vie active, je me suis inscrit à Paris 3 en Cinéma, j’ai donc gardé un statut et je pouvais en même temps commencer à travailler.
J’ai fait des courts-métrages en pellicules 16mm et 35mm, ce qui m’a permis d’avoir de plus en plus d’expérience en pellicule, en court-métrage et en clip. C’était un parcours un peu étrange, mais cela m’a donné la possibilité de pouvoir choisir mes projets.
Pouvez-vous me parler de quelques réalisations qui ont marquées votre parcours ?
Ma première expérience sur un long, j’avais 25 ans, j’étais directeur de la photographie sur « Graba » un film Argentin, je suis donc partie en Argentine et ce film à fait pas mal de bons festivals dont le Festival Mar Del Plata, le plus important d’Amérique du sud.
C’était pas mal et ça m’a permis de revenir sur Paris et de tourner mon premier long Français « Marussia » sélectionné au Festival de Berlin.
Ensuite, je suis reparti tourner un film en Argentine, puis j’ai fait plein de courts-métrages, et des festivals, Cannes deux fois pour la semaine de la critique et la quinzaine des réalisateurs.
Vous avez eu une expérience particulière concernant votre statut en France : pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai eu un petit problème de papiers, maintenant je suis français.
Mais à l’époque je n’avais pas la nationalité j’étais mexicain et je n’avais pas le droit de partir travailler à l’étranger, il fallait que je reste en France la plupart de l’année pour pouvoir garder ma carte de séjour. J’étais dans une situation un peu précaire.
Un jour, j’ai reçu une lettre, j’avais trente jours pour quitter le pays ! C’était un peu dur, mais ça a fait que je me suis bougé avec les gens du cinéma avec qui j’avais travaillé pour faire une lettre de recours.
Heureusement, j’ai rencontré un avocat d’une production d’un film français que j’avais fait, et les quelques personnalités avec qui j’avais travaillé m’ont écrit des lettres, notamment : Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Agnès Varda, Caroline Champetier de l’AFC, Cédric Klapisch , c’était une injustice, et au bout d’un moment je me suis retrouvé avec une liste de personnalités qui m’ont aidé et soutenu, Vincent Cassel, Karine Viard, Romain Gavras…
Du coup il y a eu une pétition qui a été faite sur internet qui a atteint 11 000 signatures ! Anne Hildago m’a écrit une lettre, j’ai rencontré le Sénat et après tout ça j’ai obtenu ma carte de séjour et un an après j’ai eu ma nationalité !
Que s’est-il passé ensuite ?
Caroline Champetier de l’AFC (Association Française des directeurs de la photographie Cinématographique) m’avait conseillé de faire de la publicité pour apprendre à toucher un peu à tout, je l’ai écouté et j’ai fait beaucoup de publicité pendant à peu près deux ans.
Puis j’ai tourné deux longs-métrages au Mexique, dont « This is not Berlin » sélectionné à Sundance et le dernier film que j’ai fait au Mexique était dans le Work in Progress de Cannes.
C’est pas mal, j’ai beaucoup de chance avec les films que je fais, j’ai cette grande chance de pouvoir choisir les films sur lesquels je travaille et les projets qui viennent à moi sont cool !
Quels sont vos projets aujourd’hui ?
Maintenant, j’aimerais bien travailler aux Etats-Unis, et l’année prochaine, je vais partir un an au Mexique, voilà mon parcours très atypique !